Cette vignette est un extrait d’un livre des morts de la XXI ème dynastie.
Le moteur de cette vision est ce disque au cœur sombre qui n’est pas un soleil mais un condensateur de Akh chargé d’un magnétisme prodigieux. Il échappe au temps et à l’espace, il est en contraste avec les limites communes. Il ne peut se contenter de discours, il ne comprend que les incantations, les litanies, tous les mots qui tentent désespérément de décrire l’impossible. Il joue avec notre mémoire, nous séduit par la profondeur et la légèreté de son mystère.
Cette entité énigmatique est rayonnante, ce qui est la principale caractéristique du Akh. Elle diffuse dans l’espace, un flux d’éléments cosmiques que notre science nomme : particules élémentaires, atomes..
Ils viennent s’accumuler dans le vase d’une barque divine pouvant être aussi bien celle du jour que de la nuit et qui est blasonnée par le signe des Shemsous.(ce matériel de décapitation qui sert à couper la tête aux empêcheurs de tourner en rond, les ennemis de la tradition pharaonique. La barque sert de relais entre l‘infiniment petit(la momie couchée) et l’infiniment grand(le disque céleste).
A l’arrière le gouvernail du maître de l’univers évoque les régimes du feu bien menés à l’intérieur de l’Athanor(athanor= privé de mort)
Dans le ciel flottent deux Oudjats, le soleil et la lune, deux luminaires entre la poudre et la cendre, balisant le territoire d’un être en train de devenir Akh.
Ces deux yeux ouvrent les nôtres sur une vision inédite, complètement magique de notre devenir. Soyons certains, qu’ils sont deux amulettes susceptibles de réveiller notre conscience engourdie.
La barque glisse dans l’éther, dans la substance divine primordiale, comme un serpent-corde, emblème de la matière en train de naître. Mais ici il n’est pas question d’une naissance ordinaire mais d’une transformation en esprit Akh.
Le flux des particules traverse la barque et entre en contact avec la momie terrestre qu’il va saturer afin de la faire renaître en Akh :Le plus haut état spirituel de l’être, l’état le plus accompli qui couronne la voie initiatique.
Les textes mystagogiques disent :
"Le corps appartient à la terre, le Akh au ciel"
Par le ciel les égyptiens entendent les étoiles(Orion)
Parcelle divine, le Akh ne peut se réaliser que dans le ciel.
L’état Akh est une transfiguration qui marque une totale réorganisation des composants de l’être. Ainsi n’est il plus possible de retourner en arrière. Les "Textes des Pyramides" disent que l’être est alors pur dans l’Horizon Akhet. Il est en fait cet horizon.
On ne peut imaginer une conception plus sublime du devenir de l’être humain ayant acquis une conscience qui le libère de toutes les attaches corporelles et matérielles.
L’aventure humaine est vécue comme une voie de transmutation totale de la personnalité qui trouve son aboutissement après la mort –Akhou-ou au terme des rites initiatiques Maâkherou.
L’humain n’est pas un enfant des dieux, mais celui d’une entité Akh lumineuse rayonnante à l’efficience surnaturelle.
Ainsi envisagée, l’existence est bien une chose utile, avantageuse et glorieuse. Le Numen, puissance lumineuse de l’univers est à l’œuvre au sein même de toute matière humaine. Numen est une puissance divine qui couvre tout le champs qui va du magique au mystique.
Splendeur d’un être accompli appartenant aussi bien à la terre, qu’au ciel Akh génère par le rite l’état Pehty, la beauté efficiente de l’être lumineux intérieur à la limite du surnaturel, il donne à l’humain sa noblesse, ne se manifeste pas chez les individus médiocres, ternes, ceux qui ne lèvent jamais les yeux vers les étoile indestructibles dans la région la plus secrète du firmament. Dans le corps il réside dans l’hypophyse. La moelle épinière se nomme Imakh. Il ne se manifeste que si on le sollicite personnellement, les êtres les plus évolués peuvent accomplir leur Akh sans aide extérieure, quant aux autres, les rites mystagogiques et la célébration quotidienne des rites divins s’avère nécessaires, car il permettent de changer de nature, de finaliser le processus de purification intérieure.
Akhout est un terme qui peut se traduire par choses sacrées, glorieuses, il a aussi le sens de mystères sacrés, accompli pour le compte d’un homme ou d’un dieu.
"Un père est Akh pour son fils, un fils est Akh pour son père "
Lit on dans un rituel de l’offrande
Akhou sont les rites pour faire vivre Osiris et les morts Osiriens, c’est aussi les initiés, ce ne sont pas des morts privilégiés, ni des divinités, mais des êtres qui ont bénéficiés des rites et réussi à changer de niveau d’existence, d’état biologique. Ils ont recomposé leur être, et ne se tournent que vers un horizon différent.
"Akh, tu es dans l’Akhet"
Textes des pyramides
L’état akh ne s’obtient pas seulement au moment de la mort, il est une qualité du vivant.
· Akhet est le féminin de Akh
Le hiéroglyphe le plus codé du Akh est une momie chrysalide qui n’est pas le corps du défunt, mais celui d’un être ayant dépassé les limites de la vie et de la mort, qui n’a plus rien à redouter de la khérostasie .
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